Passionné par la montagne et le monde pastoral, Emmanuel Breteau réalise en 2000 un travail photographique sur les gravures rupestres du mont Bego, dans le massif du Mercantour. Ce projet marque le début d’une exploration plus vaste de l’art rupestre dans l’ensemble de l’arc alpin.
Pendant dix ans, tout en collaborant avec des spécialistes d’art rupestre, il parcourt la Maurienne, l’Ubaye, les Grisons ou encore le Piémont et le Valcamonica, et fixe sur la pellicule des milliers de gravures.
Ainsi, cette exposition invite à un voyage entre France, Suisse et Italie à la découverte de la richesse et la diversité des motifs gravés par les premiers habitants des Alpes.
Les gravures rupestres révélées par la photographie
Dans son ouvrage Roches de mémoire, Emmanuel Breteau explique avoir été confronté à la difficile captation des motifs en lumière du jour : « Fascinant sujet pour le photographe qui travaille avec la lumière. Là, il faut attendre le moment précis de la journée où le soleil rase la roche, crée des ombres et révèle les traits de la gravure car, quelques minutes plus tard, elle se refondra progressivement dans la pierre pour disparaître jusqu’au lendemain. Il fallait trouver une autre solution ; à la nuit, je suis retourné sur les sites pour promener le faisceau de ma lampe de poche en rasant les roches ». Le photographe a alors imaginé créer des conditions de studio autour des gravures et a principalement opéré de nuit sur les sites d'altitude, muni de lumières artificielles qui lui ont permis de composer de bonnes conditions d’éclairage.
Gravure en creux ou en relief ?
Comme leur nom l’indique, les gravures sont des motifs en creux. Pourtant, les clichés d’Emmanuel Breteau nous laissent parfois imaginer des formes en relief. Cette confusion est en réalité une illusion d’optique provoquée par la provenance de la source lumineuse au moment de la prise de vue. En effet, notre cerveau est habitué à interpréter le relief en fonction d’une lumière naturelle venant d’en haut et projetant des ombres vers le bas. Cherchant le meilleur emplacement pour poser son éclairage, Emmanuel Breteau a placé sa source lumineuse à divers endroits et involontairement perturbé la lecture de l’image. Notre cerveau perçoit ainsi en creux une gravure éclairée d’en haut à gauche, et en relief celle éclairée d’en bas à droite.
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